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le vampire.

huit jours l’élection du lord-maire. Eh bien, si tout n’est pas fini à cette époque, je m’engage à vous remettre chaque matin un shilling jusqu’au jour de la livraison. Est-ce raisonnable ?

— D’abord, monsieur Mob, je n’ai besoin que d’un demi-cadavre, fit l’homme pâle avec l’insensible cruauté de l’acheteur habile.

— Comment, d’un demi-cadavre ?

— Ah ! mon Dieu oui, et si je prends votre sœur, c’est simplement pour sa poitrine ; le reste, je le lui laisse. Mon confrère Raven vous le prendra peut-être.

M. Mob et son intéressante sœur demeurèrent interdits. Celle-ci avait bu toute sa pinte de bitter ; les pommettes de ses joues creuses s’allumaient comme des grenades en automne. Sa respiration sifflait bruyamment.

— Que dis-tu de cela, petite-sœur ?

— Une personne qui se respecte, monsieur Digger, ne se laisse pas ainsi détailler. Tout ou rien. Je te l’ai toujours dit, ton idée est mauvaise, Mob. Traiter avec ces gueux, c’est une misère. Pour conclure une affaire d’une couronne, il faut leur faire boire la valeur de deux shillings.

— Allons, vieux Digger, soyez raisonnable, c’est une chance qui vous tombe sous la main ; ne soyez pas trop vorace.

— Vorace !… s’écria le résurrectionniste. Cela vous est facile à dire !… De toutes les manières, il ne vous en mésarrivera rien à vous ; tandis que moi, je rêve toutes les nuits, ou plutôt tous les jours, de cordes à mon cou !

— Mais, monsieur Digger, se redressa Mob, vous ou-