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le vampire.

ferait croire qu’il s’est évadé d’un musée d’anatomie. Le troisième personnage avait un visage pâle comme un reflet de flamme d’alcool, et ses yeux faisaient mal à voir tant ils étaient rouges.

À peine furent-ils assis que le grand Pander se dressa devant eux, donnant autant que possible à sa physionomie muette la forme d’un point interrogatif.

— Vous faut-il trois bitters ?

— Trois bitters !… fit M. Mob d’un ton déprisant. Pour qui nous prenez vous ?… Nous consommons à la carte.

— Moi, je veux un bitter, articula sourdement miss Mob.

— Entends-tu, un bitter pour ma petite sœur et un pot de gin pour nous.

Pander, en deux enjambées, se replongea dans son antre.

— Eh bien, monsieur Digger, que dites-vous de ma proposition, cela fera-t-il votre affaire ?

— Mais non, pas du tout ! répondit l’homme pâle ; votre sœur peut traîner encore un mois.

— Mais, monsieur Digger, vous ne vous y connaissez donc pas ! Un mois !… qu’en dis-tu, petite sœur ?

— Je dis que Digger est un fin corbeau qui veut nous tromper.

— Écoutez, Monsieur, reprit M. Mob, en plaçant le pot de genièvre sur les lèvres de son compagnon. Faisons l’affaire pour vingt shillings.

M. Digger eut un soubresaut, et ses dents choquèrent le pot d’étain.

— Ne vous effrayez pas ; si je parle ainsi, c’est dans votre avantage. Comptez moi vingt shillings. C’est dans