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le vampire.

, un nez retroussé, des cheveux luisants sur la tête, et des anglaises maladroitement annelées, pendantes, sèches, et qui avaient bien coûté six shillings. En revenant, il se bossua contre le tuyau du bateau à vapeur sur lequel deux anglais boxaient. Il coucha dans une taverne, chez un marchand de spirit, où, après libations de porter et de stout, il assista à un tournoi déloyal qui le jeta bien bas dans la classe des chapeaux. Pendant quelques hivers, il servit à la traversée de Douvres à Calais ; puis, un jour, il se vit sous la forme de cabas. Longtemps après, un Waterman en joie de cœur le ramassa dans une halle pour quelque porteuse à la rivière. Enfin, je le retrouve dans une taverne de Mommouth-street, et sous sa forme primitive… En Angleterre, les chapeaux offrent beaucoup plus de cas de longévité qu’en France. Il ne m’a jamais été donné d’assister à la fin d’un chapeau ou d’un habit noir. C’est, à Londres, un fait très rare.

La robe de cette intéressante personne avait oublié sa forme et sa couleur premières. Tout le bas était jaune de boue, et le haut noir de crasse. Ce lambeau formait tout le costume de cette femme, dont le corps avait atteint un degré de maigreur tout à fait diaphane. Il est inutile de dire qu’elle était pieds-nus. Dans Saint-Gilles, et plus particulièrement dans Mommouth-street, la chaussure est inconnue. Les fripiers eux-mêmes n’en étalent pas.

Cette maladive personne, vêtue à si peu de frais, se nommait miss Mob. C’est un nom assez généralement répandu dans les tavernes de Londres. Sa signification, d’ailleurs, ne contraste jamais avec ceux qui le portent. Le voisin de miss Mob était son frère. Sa maigreur me