Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
le vampire.

— Ah ! Pander vous fournit du tabac ?

— À moi seul, oui.

L’ignoble Pander apporta devant le professeur un morceau de charbon de terre. Celui-ci l’écrasa avec son pot d’étain. Il en recueillit la poudre ainsi égrisée dans sa main et en remplit sa pipe. Pander étendit sur cette matière une couche de braise, et M. Rabble se mit à fumer tranquillement.

— Ah ça ! vous fumez du charbon de terre ?

— Toujours !

— Et ça ne trouble pas votre digestion ?

— Jamais. D’ailleurs je n’en fais pas… Eh bien ! la mécanique de John Foxon, quand me l’expliquerez-vous ? Ce n’est pas que j’en veuille user, mais c’est peut-être curieux.

— Il a attaché une ficelle à une poutre de la toiture de sa taverne ; au bout de cette ficelle est un lingot de plomb deux fois gros comme une balle. Dessous est un siège cloué au sol. La place est calculée. Le rassasié s’assied dans le fauteuil, lève la tête et ouvre la bouche comme s’il avait une dent à offrir à un dentiste. Au moyen d’un ressort, le lingot tombe d’en haut juste dans le gosier et lui descend jusqu’à la profondeur demandée.

— C’est très ingénieux.

— Cela s’appelle le lingot d’arrimage. Le bitter n’est rien auprès pour vous creuser l’estomac.

Droll avait vidé son broc. Sa langue s’embarrassait et ses yeux s’égaraient ; il s’appuyait lourdement sur la table.