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le vampire.

— Tu es un voleur, te dis-je, tu mets de l’eau dans ton bitter au lieu de vitriol.

— Voyons, M. Rabble, calmez-vous, vous troublez le repos de ces messieurs, et la conscience honnête de cette morue sèche, mon ami Pander. Vous m’avez appelé, méchant ; eh bien ! je vais vous rendre cette injure sous la forme d’une seconde pinte de bitter de quatre pence.

Le maître de langues se leva foudroyé devant cette générosité prodigue. Il se jeta dans les bras de Droll.

— Allons, allons, M. Rabble, vous pesez trop sur moi.

— Oui, jeune homme, comme un balcon sur une cariatide !… Sois ma cariatide… Sois mon fils !…

— Oh ! pour cela, non, M. Rabble, je ne serai jamais ; votre cantharide, c’est trop fatiguant. Asseyez-vous, et laissez moi faire part de mes projets à cet honnête Pander.

— Dis moi, Pander, que te dis-tu, quand tu te couches ?

— Je ne me couche pas.

— Que te dirais-tu, si tu te couchais, un soir ?

— Vous m’ennuyez, M. Droll ; avec vous, je perds mon temps ; demandez, et je vous sers.

— Eh bien ! beau et estimable Pander, si un jour, battu par des vents contraires, tu te couchais après avoir bouché les écoutilles, dis toi avec conviction, cette phrase consolante : Tout ce que l’homme peut désirer sur terre, c’est-à-dire, des tonneaux de bitter, je le possède !… Je suis un homme heureux, je vous en remercie mon Dieu !…

— Est-ce que tous les hommes de votre pays sont aussi bavards, M. Droll ? — Demanda le dispensateur de bitter.

— Pardon, M. Droll, j’avais cru reconnaître dans une