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le vampire.

— Ah ! c’est vous, M. Droll, enchanté de vous voir. Que faut-il vous servir ?

— Ah ! ça, espèce de mât d’artimon, est-ce que tu crois que je tombe d’inanition ! Sache donc, chère poulie criarde, que j’ai dans ma poche droite un hareng salé à ta disposition.

Mais, une troisième voix formidable résonna sous la voûte.

— Dites donc, chien de Pander, non content de tromper les pratiques, vous nous cassez la tête encore à dire des inepties avec ce méchant Irlandais.

Le buveur qui s’exprimait ainsi, était haut comme une échelle, et ses yeux fulgurisaient.

— Méchant ! reprit Droll ; j’engage l’honorable personnage à retirer cette expression fausse. Je suis bon enfant, la preuve, c’est que je serre la main à ce blaireau poussif de Pander.

— Que parlez vous, M. Rabble, de tromper les pratiques ? reprit Pander après s’être débarrassé des étreintes amicales de Droll.

— Je dis, ignoble juif, que je suis entré ici sur la foi de ton enseigne ; je t’ai donné ma dernière pièce de quatre pence et je ne suis pas ivre !… Abuser ainsi de la confiance d’un maître de langues, c’est un crime !…

— Est-ce que c’est ma faute à moi, si vous mangez !… La maison s’engage à vous rendre ivre-mort, mais à condition que vous ne mangiez pas.

— Je n’ai pas mangé, voleur de Pander !…

— Je vous ai vu, car j’ai ma raison, moi ; vous avez sorti de votre poche une pomme de terre et un gros morceau de chique, puis, vous avez mangé l’un et l’autre. Ah ! ah !