Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
le vampire.

Ils deviendraient tout à fait tarés, mais les loisirs leur manquent ; la mer, leur farouche maîtresse, les rappelle toujours.

Or, nous avons trop mauvaise et trop basse opinion de la place Maubert, pour la comparer à de si piètres quartiers, où le vice n’est qu’une fantaisie, un caprice, un purgatif bénin. Le véritable cloaque des hideurs de Londres, le tableau où s’étalent flambantes et nues les couleurs putréfactives des sales passions, les teintes verdâtres, est le quartier Saint-Gilles.

Le jour, la population de ces rues, les visages blafards au brouillard, apparaît au soupirail des caves, et a froid. La nuit, tout est silence au-dehors, mais, sous terre, grouillent des êtres épouvantables de toutes les difformités, des souvenirs d’hommes. Suffoquants repaires que nous n’osons pas ouvrir, toile aux conceptions fétides, aux scènes fangeuses que nous ne saurions présenter au lecteur avant de l’avoir adoucie.

La place des Sept-Cadrans, Seven Dials, est un carrefour dans lequel vomissent sept rues noires, boueuses, suintantes et enfumées, c’est le quartier des juifs, des marchands de vieilles friperies, des joueurs d’orgues, le Montfaucon des prostituées, la plébicule des voleurs. Là, les caves sont plus habitées que les maisons. On monte dehors. L’escalier est une échelle ; la porte, la gorge d’un soupirail. Ces ouvertures, chantes-pleures de toutes les fétidités, servent de conduits, de cheminée, de fenêtres et d’égouts.

Or, dans ces antres, la fumée n’incommode pas, au contraire, c’est un luxe ; ça tient chaud. On recherche la