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le vampire.

— Et de tous les seigneurs d’au-delà de la Tweed, vous serez le plus magnifique, mylord !

— Une tasse de thé, mylady ?

La pudeur anglaise offre un fond de gaité inépuisable. L’œil prend gaillardement son parti de toute chose, mais l’oreille regimbe à la moindre amphybologie. Ainsi, les grands jours de réception à la cour, les lords écossais y viennent dans leur costume national qui, comme l’on sait, laisse les jambes, les genoux et une partie des cuisses nus. Or, les jeunes miss ne connaissent pas de plus grande honte que de prononcer le mot culotte ; mais elles ne rougissent nullement devant les nudités de ceux qui n’en ont pas.

— Quelle heure est-il, mylord ?

— Bientôt minuit, Olivia ; vous êtes fatiguée ; placez ce coussin sous votre tête.

— Oui, je sens le sommeil qui m’accable. C’est étrange !

— Notre promenade à Hyde-Park vous a certainement lassée ?

— C’est vrai, nous sommes revenus tard. Lady Melrose était bien pâle…

— Je l’ai connue bien belle à Lisbonne ; mais voici dix ans de cela.

— Oui, l’automne ne reviendra plus pour elle ! Que devient lord Melrose ?

— Ah ! je ne sais. On le dit à la poursuite d’une danseuse française.

— Ils ont ici, l’un et l’autre, une existence bien extraordinaire.

— Très ordinaire, vous voulez dire. Ainsi, à Lisbonne, ils menaient une conduite exemplaire.