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le vampire.

les places, disant que sa famille, composée de quatorze personnes, attend dans l’avenue. Le conducteur fait lever la planchette sur laquelle est écrit complet, et part. C’était un dimanche ; la pluie commençait à tomber. Les bourgeois de Paris tout endimanchés, poursuivaient de leurs signes et de leurs cris cet omnibus vide qui s’intitulait complet. Le conducteur imperturbable les repoussait de son marche-pied, et, avec le plus grand sang-froid, indifférent à tout ce bruit, notre comte disait lentement, en français, des protestations et des offres tout à fait britanniques. L’aventure de cet omnibus m’a toujours paru très joyeuse !… Une tasse de thé, mylady ?

— À ce propos, que devient le baronet sir James Cawdor, nous ne le voyons plus ?

— Sir James est en Écosse, mylady, nous l’y reverrons peut-être. Savez-vous, mylady, que vous êtes, de l’avis de tous, une des plus belles femmes de Londres, et que ce serait folie à nous d’employer notre temps à nous quereller. Je vous aime ardemment ce soir, Olivia.

La jeune femme regarda son mari avec un sourire de doute qui se perdit bientôt dans une microscopique tasse de Chine.

— Ah ! Et que signifient donc vos paroles passées, ces assurances d’inerties de cœur ?

— C’était une plaisanterie, mylady, une excentricité d’anglais marié.

— Et toutes ces machinations dévoilées chez Antarès, plaisanteries aussi ?

— Oui, ce sont les épreuves de cette franc-maçonnerie des femmes mariées ; je vous le répète, je veux vous aimer. Votre main, ma belle lady.