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le vampire.

individu, assis solidement dans un fauteuil comme une divinité japonaise, ses genoux formant l’angle droit, et l’empaumure de sa main sur une canne perpendiculairement tenue, articulait lentement ses périodes. Une perruque blondissante recouvrait sa pudibonde calvitie, et les conques de ses oreilles apparaissaient calfeutrées de bourdonets de coton

— Certainement, milord, d’après cela, je crois au fait congénial. D’ailleurs, votre santé et votre âge repoussent tout d’abord la pensée d’une adynamie. Maintenant, Staab, dans son Traité sur l’Œdœalogie, parle d’une femme presque octogénaire qui, à la suite d’une maladie ou plutôt d’un salacisme bizarre et d’une hystérie forcenée, éprouva tous les symptômes de la prégnation. Or, le sujet qui nous occupe est une des ténèbres les moins connues de la nosographie. Nous pourrions cependant, avec l’autorité de l’œdœalogiste suédois, tenter un moyen.

— Certain ?

— Peut-être.

— Voici un adverbe dubitatif que je hais.

Mais le docteur continua sur le même ton et dans le même idiome :

— Certainement, vous n’êtes pas un homme assode. L’astynie que nous redoutons n’est pas une conséquence d’acrasie. Vos sens n’ont point atteint cette limite asténique qui engendre la frigidité. Ainsi, je crois qu’en essayant un prophylactique iatrique, en s’abstenant de nourriture démulcente et de travaux improlifiques, nous obtiendrons peut-être une solution acatalectique. Comme je ne suis en rien polypharmaque, je concréfierai