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le vampire.

vicomte est apaisé, nous vous écoutons. D’abord, nous direz-vous les noms que le journal n’indique pas ?…

— Très aisément. Le comte de Boistilla s’est battu avec M. Raoul Noirtier. Mais, si je ne craignais pas d’occasionner des soubresauts à M. de Saint-Loubès, je commencerais mon récit à quelques années avant l’événement qui en a été le dénouement.

— Je courbe la tête sous les lois de ma destinée, dit d’une humour piteuse le bizarre vicomte, et tout en saluant Horatio comme pour lui assurer qu’il ne prétendait pas porter sa plaisanterie au-delà des convenances et de la politesse.

Chacun alluma son cigare. On prétend que c’est d’un grand secours dans ces circonstances. Si l’auteur de ces lignes était plus en rapport avec ses lecteurs, il se ferait un plaisir, un devoir même, de leur offrir un havane.

Avant de commencer, Horatio Mackinguss, après avoir regardé l’un de ses deux auditeurs avec une certaine attention, dit :

M. de Rolleboise, pardonnez la liberté d’une réflexion ; mais vous ressemblez à s’y méprendre à une personne que j’ai souvent rencontrée à Londres, sir Amadeus Harriss. Ne lui seriez-vous point parent ?…

— Pas le moins du monde, monsieur, et je n’ai même aucune personne de ma famille en Angleterre.

— N’importe, votre ressemblance avec ce gentleman est frappante. Mais revenons à notre sujet.

Le mariage est une loterie qui promet quelques lots heureux, beaucoup de mauvais, une assez grande quantité de grotesques. Ainsi le 1er mars de l’année 1830, M. Noirtier, jeune avocat de Montpellier, tombait sur un