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le vampire.

âcre et violente volupté, mon orgueil déchiré jusqu’au sang, étreint et tordu jusqu’au dernier jet de colère. Je me suis replié en anneaux, ainsi qu’un serpent qu’on irrite, et maintenant, je me relève ! Ah ! vous ne saviez pas ce qu’est Horatio Mackinguss, ce bonhomme, ce niais, qui vous rejettera au centuple douleur pour raillerie, torture pour douleur !… Vous avez de l’orgueil, vous aussi, tant mieux !… Je veux le pétrir votre orgueil, le fouler sous mon pied, et l’étouffer sous la boue !..

Horatio Mackinguss, grand et terrible, marchait en parlant ainsi vers la jeune femme, qui reculait à son approche pour la première fois, pâle et effrayée. Ayant heurté un siège, elle s’y affaissa, conservant sur cet homme une fixité de regard captive. Celui-ci, la tint ainsi muette sous l’action irrésistible de son œil de feu, de sa physionomie soudainement transfigurée. À la fin, elle se dégagea de cette étreinte invisible, sa poitrine se souleva lourde, le siège qui la supportait fut repoussé en arrière. Alors, se levant de toute sa hauteur elle lui dit en face :

— Vous ne savez pas ce que je suis, vous ignorez ce que je peux faire.

— Je sais ce que vous êtes, et je puis faire plus que vous ne pourrez jamais. C’est un avantage sur vous ; car, vous ne savez pas qui je suis.

— Mylord, je ne prends pas des airs de théâtre, des attitudes scéniques ; je ne requiers pas à mon aide tous les plissements de sourcils du drame, je ne jette pas à la face des paroles gonflées et sonores, mais d’ordinaire, j’atteins mon but. — Prenez garde, mylord…