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le vampire.

de chaque période dans l’esprit obtus de son mari. Mais, celui-ci, tout en écoutant, n’avait pas laissé de compulser sa correspondance. Quand la jeune femme se fut arrêtée, Horatio continua à lire. Devant cette obstination d’indifférence, la belle lady put savoir que penser, mais, non, que dire.

À la fin, le lord réunit ses lettres et les enferma dans son portefeuille. Cela fait, il se leva et descendit enfin son regard sur la jeune mariée ; mais un regard si ardent, si fort, qu’elle baissa les paupières.

— Ah ! s’écria-t-il tout à coup, en relevant la tête, il est bon de se redresser, de cambrer son esprit longtemps courbé, de rendre à sa voix la force, à son regard l’énergie !… Vous vous demandiez, je crois, si votre mari n’était pas un magnétiseur, soyez assurée toujours que ce n’est pas un niais. Entre nous, dites-vous, il est une grande distance ; c’est vrai. Pour me regarder levez la tête. — Mme de Lormont est trop communicative, j’ai maintenu sa discrétion, voilà tout. Maintenant, ne me demandez pas ce qu’il existe entre cette femme et moi, parce qu’il ne me plaît point de vous le dire. — Il est minuit moins un quart, soyez prête dans un quart d’heure.

— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Je vous dis d’être prête dans dix minutes, nous sortirons à minuit.

— Sortir, maintenant, et où entendez vous aller, s’il vous plaît, à pareille heure, un pareil jour.

— Premièrement, souvenez-vous, madame, qu’il n’appartient qu’à moi de questionner ici. Vous ferez selon ce que je ferai. Quand j’irai, si c’est ma volonté, vous suivrez. Encore, vous parlez d’un pareil jour. Croyez-vous