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le vampire.

burlesque que vous avez jouée tout à l’heure auprès de Mme de Lormont.

Horatio, sans faire plus d’attention à ces paroles que si elles n’eussent pas été dites, sortit de son portefeuille plusieurs lettres cachetées et s’occupa à en prendre connaissance. La jeune femme s’irrita de cette indifférence dédaigneuse. Par une saccade nerveuse elle se leva. Le regard animé, la bouche pâle et entrouverte sur ses dents serrées, elle vint se placer haute et impérieuse en face de l’homme assis. Celui-ci, n’eut pas l’air de s’en inquiéter. — Mais la fille du duc parla :

— Mylord, il est des jeunes filles qu’on entoure avant le mariage de soins empressés, de frêles enfants que l’on revêt d’une importance fausse, et, qui, lorsqu’elles ont atteint le titre de mylady, permettent qu’on les traite avec protection et sans égards. Ne me comptez pas parmi ces esprits faciles. Je ne me suis point mariée pour abdiquer ma volonté. Un caractère qui penserait à heurter le mien serait ridicule s’il était inférieur : égal, je le renverserais. Je ne suis pas, croyez-le, une soupirante d’amour, qui se couche aux pieds d’un homme et lui demande un sourire pour être heureuse. Sachez, qu’entre vous et moi, il y a une distance difficile à franchir pour l’un des deux. Je veux bien porter votre nom, vivre dans votre hôtel, mais il vous plaira de subir ma volonté, de subordonner vos ordres aux miens. — Répondez donc à ma question, milord ; que signifient ces sottes simagrées dont Mme de Lormont s’est prise devant vous ? Aurais-je, par mégarde, pris un magnétiseur pour mari ?

Olivia appuyée sur le dossier du siège de Mackinguss, avait parlé lentement comme pour favoriser l’infiltration