Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
le vampire.

Kockburns laissa tomber le couperet du silence sur le cou d’une phrase à peine commencée.

Horatio, apparu sous les plis de la tenture écartée, s’empara d’un seul coup-d’œil de la scène disposée devant lui. Tout était immobile. Son pied seul, en tourmentant sa botte souple et brillante, produisait ce bruit qui, chez l’homme, répond au frôlement de la soie chez la femme. — La vieille tante, ayant repris sa promenade, ses jupes gonflées et bruyantes comme un aérostat qu’on emplit, par le refoulement de l’air effrayaient les blanches flammes des bougies.

Sans prononcer une parole, Horatio s’avança vers un énorme cordon et le toucha ; aussitôt avec une promptitude de valets de théâtre, miss Suky et miss Hannah, s’encadrèrent dans les boiseries dorées d’une porte.

— Éclairez notre bonne tante de Kockburns, dit simplement le marié en baisant la main sèche comme un papyrus de la vieille fille. Celle-ci, après avoir embrassé sa nièce, sortit en claquetant certains mots inentendus, mais probablement empruntés à quelques versets de la Bible. — Le thé et la Bible, voici le dualisme des vieilles Anglaises, les deux esprits qui les combattent. La Bible leur promet le ciel au-delà de la tombe, le thé le leur offre sur terre. — Une vie sans thé, c’est l’enfer avant ; sans Bible, c’est l’enfer après !…

Quand les deux époux furent seuls, Olivia se redressa sur son siège, et se tournant hautainement vers son mari, elle lui dit d’une voix lente et difficilement contenue :

— Je n’aime pas les actions qui s’affublent du mystère. Qu’il vous plaise donc, mylord, de m’expliquer la scène