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le vampire.

et là, où vous n’avez aperçu que des initiales, je puis vous écrire les autres lettres des noms, car je connais tous les détails qui ont amené ce duel.

— Mais, en effet, vous venez de Montpellier !…

— Et, si cela ne vous effraie pas trop, je pourrais avant de nous retirer, vous raconter l’histoire véritable.

— Ah ! pour cette fois, je suis perdu ! — s’écria le vicomte, — dans un même soir, avoir sa chaise de poste brisée, rencontrer un ami dans une ville morte, et pour comble de prosaïsme, entendre une histoire dans une auberge !… Vraiment, c’est jouer du malheur !… Je ne sais où je me suis fourré !… Je me pince sans m’éveiller… Non, je ne dors pas… Enfin, monsieur, je veux bien écouter votre récit mais, à la condition, messieurs, que ce sera votre dernière plaisanterie. Seulement, je vous demande une grâce, si, par hazard, pendant le déroulement de la narration de monsieur, si, par malheur, ma physionomie, ma pose, se changeait au point que je ressemblasse par mon attitude à un personnage de M. le marquis de Poudras, Rolleboise, mon ami, je vous en prie, secouez-moi bien fort. Allons, je me résigne !…

— Vous êtes décidément un personnage très plaisant.

— Mais, non, du tout, je suis bourgeois excessivement ; je connais l’heure du coucher du soleil, et les variations du baromètre me préoccupent beaucoup !…

— Ah ! que dit le baromètre, vicomte ?…

— Variable, mon cher ami, variable… nous aurons changement de temps, j’en suis sûr, car c’est le plein ce soir à onze heures, sept minutes.

— Eh, bien ! monsieur, maintenant que l’accès du