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le vampire.

nage vous communiquait une appréhension singulière.

On ne dansait pas, mais on jouait.

Sir James Cawdor, plus vermillonné que jamais, épanoui dans ses cols cuspidés, reposait heureusement sur un meuble flexible. Il causait quiètement avec Une fort belle dame assise près de lui.

— Eh bien, sir Cawdor, je crois qu’il vous sera facile de rentrer dans votre propriété de Stonebyres.

— Cependant, soyez assurée, madame de Landsdale, que lord Horatio est fort satisfait de cette acquisition. Des ouvriers y travaillent déjà. D’ailleurs, il est un peu artiste, il aime le surnaturel ; le château des Chutes lui convient admirablement.

— Milady, sir Cawdor, est, je crois, moins encline aux idées poétiques que son mari ; et, vous connaissez peut-être le caractère de miss de Firstland.

— On m’en a parlé, milady, mais ce sont caprices de jeune fille.

— Quand on les hérite de sa mère, c’est une vraie nature. Le pauvre Amadeus en est devenu fou.

— Madame la comtesse, je ne crois pas aux romans. Sir Amadeus est fou, c’est vrai ; mais cela dépend de son organisation, voilà tout.

— Vous ne croyez pas au roman !… c’est la phrase de tout le monde ici. Ah ! quelle différence avec Paris !… Là, tous les hommes sont poètes !

— Ils le disent, du moins, milady ; mais, heureusement pour eux, ils se trompent. Tout un peuple artiste est une chose impossible comme un monument qui serait tout sculpture et ornements.