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le vampire.

— Elle allait le voir.

— Le crois-tu ?

— C’est certain. Puis, ce vampire t’a volé ta raison, et maintenant il épouse ta maîtresse.

— Oui, c’est vrai, Léwis m’a dit qu’il était un vampire. Ah ! mon pauvre rêve !… mon pauvre rêve !…

Et le malheureux retomba sur le coussin qu’il tacha d’une larme.

— Ami ? dit-il tout à coup.

— Que désires-tu ? demanda Horatio.

— Ma tête brûle !… de la glace.

Horatio demeura dans une immobilité barbare. Le malade délirait. Cependant, devant ce poignant spectacle d’un homme qui se débat contre la folie, il céda à ce puissant sentiment d’humanité qui nous pousse à secourir celui qui souffre à notre merci. Il saisit un linge imprégné d’eau glacée et le posa sur le front du malade. L’action sédative agit aussitôt.

Peu à peu le regard du jeune homme alité perdit sa fixité et se prit à errer partout autour comme pour se reconnaître. Le pauvre insensé se dressa sur sa couche, sans effort, et tint un moment sa tête pendante sur sa poitrine, pareil à un dormeur qui sort d’un sommeil torpide.

— Oui, je me souviens : hier soir, j’ai été poursuivi… effrayé par mon image… par un homme d’une ressemblance étrange… J’aime toujours Olivia… mais on ne m’a pas parlé d’elle. Où donc va-t-elle, sous un vêtement d’homme, la nuit ?

— Amadeus, c’est ton rêve que tu me contes toujours ?

Mais le malade ne fit aucune attention à ces paroles.