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le vampire.

vage, et son pas se précipitait ferme sur le tapis sourd de la salle.

— Une insulte à ma face, dans une foule, aux oreilles de tous !… Ce vieillard, s’est-on dit, est une ruine écroulante dont les premiers débris sont déjà dans la tombe, on peut impunément lui jeter une injure !… Ah ! ah ! jeunes hommes, vous croyez que par boutade, peut-être pour une raillerie d’enfant, on a le droit d’insulter ainsi un père, de ternir un nom !… Pas ainsi !… L’honneur, chez nous, est un rocher qui supporte une forteresse. Le fort s’écroule, mais le roc demeure inébranlé ; vous tuerez le vieillard peut-être, mais ce sera tout !… L’épée qui illustra notre nom, la formidable claymore que mon aïeul ébrécha dans les champs de Sheroffmuir, et que mon père rougit à Culloden est encore en ma main. Je suis toujours capable de la manier, et de couvrir de sang la rouille jaune qui la ronge !… Vraiment, j’ai honte de ces frêles pygmées qui, de leurs voix grêle, dardent des paroles qui bouleversent une famille !… Je me sens humilié de n’avoir à rejeter à terre qu’un de ces faibles hommes dégénérés qui vous lancent de la boue sans se courber !… Abaissement des grandes choses humaines !… Que de monuments diminués par l’édacité lente des siècles !… Tout ce qui est haut décroit !… Ainsi, le premier des Firstland, à la tête de son clan, combat à côté de Guillaume-le-Lion. Quand tous ses hommes sont couchés la face au ciel, il partage le sort de son roi. Plus tard, devant le château de Norham, lorsque Baliol est couronné, un seul chieftain se retire dans ses monts, refusant de se reconnaître vassal de l’Angleterre, et ce guerrier se nomme Hodge