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le vampire.

Les deux Anglais se regardèrent entr’eux comme s’ils ne comprenaient pas. Robert répéta les mêmes paroles dans leur langue. Pour toute réponse, sir James lui dit sans s’émouvoir :

— J’ai vu hier soir, sir Robert, dans le salon de lady Landsdale, une personne de votre connaissance, ou plutôt deux personnes, car madame de Lormont était accompagnée d’un beau jeune homme.

Robert, pâle de colère, frappa du pied, l’œil en feu, et s’adressant à ses deux compagnons-guides :

— Et maintenant, que faut-il faire, messieurs ?…

— Plus guttural, s’il vous plaît, plus guttural, répliqua avec sang-froid lord Lodore.

— Si monsieur de Rolleboise veut passer à la salle à manger, nous dînerons.

Les trois personnages sortirent de la chambre, et la pendule sonna six heures.

Ce soir là, le théâtre de Covent-Garden donnait la représentation d’un opéra allemand, Fidelio, peut-être. Le public était assez nombreux. La loge du duc de Firstland s’ouvrait de face. Miss Olivia occupait le devant avec sa tante de Kockburns, laquelle était vêtue d’une robe gonflée comme un aérostat ; car les Anglaises, généralement peu potelées, s’obstinent à croire que l’on porte encore à Paris des jupes à panier comme jadis. — Horatio Mackinguss était assis sur le second plan, à côté du vieillard.

Mais miss Olivia tournait et retournait ses regards avec inquiétude.

— Ah ! mon Dieu ! ce superbe bouquet que vous m’avez offert, mylord, je l’ai oublié dans la voiture.