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le vampire.

— Eh bien ! soit ; nous ne sommes qu’en automne. — Mes gants ?…

— Quand vous irez au bal, on vous en donnera, peut-être ; mais, autrement, jamais.

— Je vais avoir les mains rouges, sir James !

— C’est vrai ; mais, aussi, cet hiver, vous les aurez bleues.

— Messieurs, je m’aperçois bien qu’il y a là-dessous un rôle que je ne connais pas, mais qui m’est échu. Cependant, je désirerais savoir s’il ne me sera jamais plus permis de me vêtir convenablement, comme dans mon pays ?

— Dès demain, sir Robert. Seulement, veuillez vous habituer à incliner un peu la tête sur l’épaule gauche, et perdez toute pétulance dans votre marche. — Êtes-vous satisfait, lord Lodore ?…

— C’est à s’y méprendre, répondit l’Anglais en faisant le tour de Robert et en l’examinant sur toutes ses faces ; cependant, s’il était possible, vous donneriez à votre voix un accent plus guttural.

— Oui, reprit sir James ; et si dehors on vous fait un salut, répondez de la tête et de la main, mais n’ôtez pas votre chapeau : ce n’est pas l’usage ici.

— Encore, si dans un couloir, au théâtre, par exemple, vous donniez en marchant un coup de coude à une dame, vous continuerez votre chemin comme si rien n’était. À Londres, on ne perd pas son temps à toutes ces banalités ridicules en usage en France.

— Messieurs, dit le jeune homme en français, et le front plissé, je soupçonne que vous m’allez faire commettre quelque chose d’infâme !…