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le vampire.

pluie que le vent chasse. À voir ainsi la nuit Saint-Paul, on dirait un effet de lune, et, le jour, dans la nuée épaisse, on le croirait vêtu de neige.

Robert, accoudé à une maison de Grosvenor-Square, portait ses regards inertes de l’abbaye de Westminster à la cathédrale, lorsqu’il s’entendit appeler derrière lui.

— Sir Robert, vous ne pouvez rester ainsi à la croisée, dit une voix de l’intérieur.

— Comment, il me sera même défendu de prendre l’air !…

— Mais, monsieur, à Londres on ne prend jamais l’air à la fenêtre ; c’est une habitude bizarre des gens du midi tout à fait inconnue ici. En aucune circonstance vous ne verrez une tête aux croisées, pas même un jour de manifestation de chartistes.

— Savez-vous, sir James, que la vie que vous m’imposez me fatigue ?…

— Je le sais, répondit imperturbablement l’anglais.

— Voici bientôt un mois que je suis en Angleterre, et il ne m’est permis de sortir que le soir, encore, toujours enfermé dans une voiture. Je ne saurais, en vérité, sans m’égarer, faire le tour de ce square !…

— Soyez persuadé, sir Robert, qu’on ne sort jamais le jour à Londres. Ce soir, nous irons à Covent-Garden.

— Oui, je le sais, dans une loge profonde et noire. Nous arriverons pendant que les acteurs seront en scène, et nous ne sortirons que lorsqu’il n’y aura plus que les horse-guards. M’expliquera-t-on, enfin, pourquoi je ne dois pas être vu ?

— Non, sir Robert, répondit Cawdor avec son flegme habituel, cela n’est pas nécessaire. Seulement, réfléchissez