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le vampire.

— Eh bien, je veux être plus généreuse que vos amis : cela veut dire je vous aime.

— C’est un bien joli mot !… remarqua-t-il avec un sourire d’une bénignité pleine de foi.

— Voyons, sachez-le bien ; le voici écrit.

Olivia plaça sous ses yeux un morceau de papier sur lequel était tracé au crayon le mot turlututu. Horatio le regarda un moment avec un sérieux profond, de ce sérieux anglais qui chatouille si fort le rire français, puis tordant ses lèvres en une spirale allongée, il accoucha du plus joli toulioutoutou qu’on ait jamais prononcé.

Miss Olivia, sans pitié pour son pauvre amoureux, riait aux éclats. Le duc et Amadeus eux-mêmes ne purent résister en entendant Mackinguss qui, voulant à toute force parvenir à prononcer ce mot à la française, se tordait la bouche en tout sens, et rendait chaque fois le désopilant toulioutoutou. — Horatio conservait une gravité pénible.

Mais tous ces rires se perdaient dans le bruit des craquètements de mâchoire de la vieille tante, qui tourmentait avec frénésie ses muscles zygomatiques, s’étranglait de joie et faisait siffler des joues sèches et recroquevillées comme des rôties anglaises.

Ce fut sir Amadeus qui, le premier, s’arrêta de rire, et vint, par pitié pour son rival, donner diversion au sujet peu digne qui réjouissait ces dames.

— Mademoiselle, je viens d’expliquer à monsieur le duc tout mon désespoir de ne point vous rencontrer ce soir à Covent-Garden.

— Oui, ajouta le duc, sir Amadeus part après diner