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le vampire.

Horatio porta sur miss Olivia un regard exprimant l’amour le plus honnête qui soit en cœur vertueux.

— Oui, nous espérons bien, le cas échéant, que mylady vous aliénera ce rocher hanté seulement par des esprits nocturnes.

— Mademoiselle, si jamais j’ai le bonheur d’épouser une femme, je serai à ses ordres.

— Vous faites foi, mylord, d’excellents sentiments. Ainsi, vous avouez que vous seriez un mari complaisant, — ce mot pris en bonne part.

— Mon Dieu, mademoiselle, je le suis avec moi-même ; comment ne le serais-je point avec les autres, surtout si je les aime.

Et le regard honnête continua à errer avec une teinte de béatitude sur la personne de miss Olivia cruellement railleuse. Le duc et Amadeus, assis dans le jour d’une croisée, causaient ensemble.

— Mylord, avez-vous des nouvelles à nous conter ?

— Hélas ! je ne sais rien, mademoiselle, répondit-il aussitôt avec modestie, et comme embarrassé de lui-même proche d’une femme.

— Vous seriez bien aimable, alors, de me lire le Times.

— Avec joie, si cela peut vous intéresser.

La vieille femme se découvrit de la vaste tente qui la recouvrait comme ces grosses pâtisseries de petites villes que l’on protège contre le soleil.

Horatio s’empara de la feuille et la tourna, la retourna longtemps dans ses mains inintelligentes avec une gaucherie à faire envie à un niais du théâtre Adelphi. Enfin, le pauvre soupirant commença ; mais la jeune fille l’arrêta bientôt.