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le vampire.

Olivia, voyez-vous, je suis un être que l’amour épouvante. Défiant de moi-même par nature, je suis par cela seul jaloux.

— Je ne sais vous comprendre, sir Amadeus, fit la jeune fille en fronçant sensiblement son front impérieux.

— Vous assombrissez votre physionomie, vous allumez votre regard dont l’éclat me blesse, mais, n’importe, je veux vous tout dire.

— Oh ! sir Harriss, ne me dites pas de rêve ; j’ai ce genre de récit en effroi.

— Un rêve !… vous avez raison, il est des rêves affreux ! Mais, enfin, et cela m’épouvante, ce que j’ai à vous dire est une réalité. Ce matin en m’éveillant, miss Olivia, j’ai trouvé sur ma table, à mon adresse, cette lettre. J’ai rompu le cachet et voici ce que j’ai lu :

— Je vous écoute, monsieur, fit la jeune fille en redressant sa tête dédaigneuse.

« Monsieur, s’il vous plaisait de savoir où se rend, à minuit, miss Olivia de Firstland, vêtue en homme, on pourrait vous en instruire. Venez ce soir à pareille heure, aux alentours de l’abbaye de Westminster. Un homme se présentera, vous le suivrez. »

— La signature ? demanda d’un ton calme la jeune fille.

— Oh ! une signature étrange.

— Mais enfin !

— « Un vampire ! »

— Et la lecture de cette lettre anonyme se présenterait-elle à moi sous une forme interrogatoire, sir ?

— Peut-être.

— Eh bien ! apprenez, monsieur, que je ne m’abaisse