Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
le vampire.

trouvent bien de l’extraordinaire dont on recouvre leurs méfaits. J’ai rencontré l’autre jour à l’ambassade de France ce bon sir James Cawdor, le propriétaire du château des Chutes. Il était tout effaré de savoir son rocher atteint de vampirisme.

— Il est sûr que sir James n’a pas les allures d’un vampire tel que nous l’a dépeint Byron, ou plutôt Polidori. Après tout, chaque personne juge les individus à sa manière. Ainsi, l’autre soir, la comtesse de Landsdale me parlait de lord Horatio d’une manière tout à fait fausse, et me le présentait sous des couleurs qui certes ne lui appartiennent pas. Enfin, elle a dit un mot qui m’a beaucoup fait rire. Cet homme, m’a-t-elle avoué, me représente la physionomie fatale de Lara !… — Pauvre Horatio, je veux lui faire part de cette calomnie. — Ma tante, j’attends votre bon plaisir pour entrer au salon.

Sir Amadeus Hariss était un jeune Anglais tout vêtu de noir à l’exception de la cravate qui se trouvait d’un blanc bleuâtre du plus aristocratique. À tout prendre, il n’y avait rien qui le distinguât d’un autre homme.

Quand ces dames entrèrent dans le salon, la conversation tomba sur des banalités que miss Kockburns, la vieille tante, fit cesser en venant au plus profond d’un fauteuil s’envelopper dans les immenses feuilles du Times.

— Vous avez l’air soucieux, sir Amadeus. Il est sur votre physionomie une expression souffrante qui ne vous est pas habituelle.

— Hélas ! mademoiselle, vous savez qu’il règne toujours en moi une mélancolie constante ; ombres du cœur, moins sombres cependant quand je suis près de vous.