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le vampire.

dentelures dans le satin. Le vêtement de la tablette à double volant se recouvrait jusqu’au bas de point d’Angleterre et se terminait par un nuage d’agréments de malines poussiéreuses. À côté, sur une table admirablement plaquée de mosaïques italiennes, reposaient une aiguière et son vase. Le travail de l’aiguière était l’œuvre d’un de nos premiers artistes parisiens. Ses flancs urcéolés laissaient fuir des nervures de feuilles et des boutons de fleurs comme des gouttes d’eau qui gonflent aux parois d’une terre poreuse. L’anse se formait d’une branche feuillue d’une vidure exquise sur laquelle un enfant poursuivait un lézard. La main retenait déjà l’animal captif, car autrement il entrait dans l’eau qui s’ondulait presque au contact de sa tête effrayée. Sur le devant, sous le canthus imbricé, étaient sculptés deux anges cupidonnés tenant chacun d’une main le blason de Firstland surmonté d’une couronne de duc. Le vase qui recevait l’eau était posé sur les branches d’un chêne dont le tronc supportait la cuvette. Sous les branches de l’arbre ruminait un bœuf obèse sur le cou duquel s’appuyait un jeune bouvier, les jambes nues. Le vase était en or, le reste en argent massif.

Une fraîche camériste à la peau blanche comme cire et aux yeux de turquoise, donnait à la jeune personne les derniers soins que réclamait sa toilette.

— Ainsi, vous l’entendez, Suky, les gens de ma tante vous ont aperçue dans Saint-James-Park parlant à un horse-guard.

— Mademoiselle, c’est mon cousin. La maison de son père touche celle de ma mère à Ipswich. Nous étions fiancés lorsque le gouvernement l’a enlevé à sa famille.