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le vampire.

Enfin, au crépuscule du jour après, le duc, en entrant dans une salle reculée du château, aperçut un corps raidi qui pendait dans le vide. — Il s’approcha épouvanté. C’était la duchesse attachée sans vie à une poutre de la vieille salle.

À la nouvelle de cette mort, Olivia devint sombre, mais ne pleura pas. — On ne pouvait soupçonner un crime ; un suicide était inexplicable.

Depuis le jour de cet événement, Ophélia, plus mélancolique, plus pâle, errait seule et fuyait toute société, même celle de son père. — Or, il se passait dans l’âme de celui-ci un combat terrible, un de ces bouleversements pendant lesquels la raison tremble. Olivia se rapprochait de lui, parlait bas à son oreille, et il frissonnait. Son œil hagard s’arrêtait fixe sur cette figure blanche et immobile, aux yeux agrandis, expression mystérieuse d’une rêverie triste et lamentable, sur Ophélia, qui, muette, semblait laisser son regard revenir vers le passé.

La duchesse n’avait laissé aucun indice qui expliquât un accès de déraison ou de désespoir, mais on trouva près d’elle un papier sur lequel ces lignes étaient écrites :

— « La rêverie est une teinte de sommeil, le sommeil une ombre de la mort. Pour rêver toujours, il faut quitter la terre.

« Ophélia. »

La forme nébuleuse de ces deux lignes ne convenait pas au caractère de celle qui paraissait les avoir tracées. — Puis, un soir, Olivia assise aux pieds du vieux duc qui pleurait, remarqua que ce papier n’offrait pas l’écriture de sa mère. Le vieillard s’effrayait comme un enfant au bruit de cette voix acérée et soupçonneuse. Le geste de