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le vampire.

Sa première femme mourut deux ans après la naissance d’une fille. Le mari pleura sa duchesse car il l’avait tendrement aimée ; puis, il l’oublia un peu, car il était jeune. La jeunesse ne sait pas prévoir. En un mot, le duc après avoir oublié la trépassée, s’oublia lui-même. Se marier une fois c’est audacieux ; convoler en secondes noces c’est une folie. — Deux ans après la mort de la duchesse, le duc épousa Ophélia de Kockburns, qui le rendit bientôt père d’une seconde fille. — Sa première enfant, Ophélia, qui, par un étrange hasard, portait le même nom que sa belle-mère, avait à l’époque de cette naissance, trois ans. — Cette nouvelle fille reçut le nom d’Olivia.

Le duc ne fut pas heureux avec cette deuxième duchesse ; son caractère se heurta contre le sien. Par la pensée il revint à son premier attachement, et, comme sa fille Ophélia était la personnification ici-bas de cette âme envolée, il déversa sur sa tête innocente la somme de ses affections. Quinze années s’écoulèrent. Ophélia grandissait auprès de son père, et, comme celui-ci trompé dans son amour avait l’âme appauvrie de joies, la jeune fille semblait baigner dans une atmosphère triste, et la mélancolie pesait constamment sur sa tête. — La duchesse ne l’aimait pas et sa jeune sœur avait pour elle les mêmes sentiments que sa mère.

Ophélia avait dix-huit ans lorsque le sombre château de Firstland fut le théâtre d’un événement inouï dans ces contrées aux mœurs primitives et rudes. — Un soir, la duchesse ne parut pas. On l’attendit toute la nuit. La montagne s’illumina de torches. Mais la journée suivante s’écoula en infructueuses recherches.