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le vampire.

— Olivia, je suis juif ; je fais des affaires avec tout le monde.

— Antarès, attends-moi ici dans deux jours, à pareille heure. Tu recevras ma détermination.

— Tout à vos ordres. Bonne nuit, miss Olivia.

Resté seul, Antarès referma son livre et fit entendre un petit rire sec qui dut singulièrement ébahir le silence étendu dans cette chambre haireuse. Il rejeta son vêtement, son bonnet et son abat-jour, détacha avec soin ses cheveux blancs, et à la place du vieillard apparut un homme d’une quarantaine d’années, d’une constitution maigre, mais forte. Il enfouit des papiers dans les poches de son habit noir, en referma d’autres dans la commode, éteignit la lampe et sortit.

Quand Olivia descendit de la petite maison, minuit sonnait à l’horloge de la gare du chemin de fer de Douvres. La nuit était sombre comme toutes les nuits de Londres où la lune ne se montre que quelques mois de la belle saison. Cependant, ce soir là, à une éclaircie du ciel, à l’horizon, on l’apercevait toute nouvelle comme une coupure d’ongle du soleil.

Olivia atteignit bientôt l’enceinte du cimetière. Tout à coup elle crut distinguer un objet sombre sur la crête du mur. La jeune miss avait un caractère trop fort pour être susceptible de peur. Elle avança donc toujours.

Distinctement on aperçut une ombre se glisser le long des pierres. C’était un homme qui venait d’escalader le mur. Son vêtement était noir. Son visage ressortait pâle et blafard, et, dans cette figure de spectre, scintillaient deux feux.