Page:Sorr - Le vampire, 1852.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
le vampire.

— Que décide Olivia ?

— Me réponds-tu de cette absence ?

— Madame, j’ai fait votre volonté, je vous ai même offert mon avis.

— Réponds à ma question : Ophélia ne reparaitra-t-elle jamais ?

— Les morts seuls ne reparaissent plus, miss.

— Oh ! Antarès ! fit Olivia en se levant impatientée ; je suis méchante, c’est vrai ; mais je ne veux pas sentir, entends-tu, sur ma conscience, le poids de la tombe de ma sœur !

— Il y a, cependant, continua sans s’émouvoir le vieux juif, des morts qui ressemblent bien à des effets de maladies…

— Antarès, ne cruellise pas ainsi mon esprit déjà trop barbare !

— On peut mourir de faim pendant deux ans, Olivia.

— C’est horrible !

— Ophélia est votre aînée, miss, continua-t-il d’une voix pateline et féroce.

Olivia, l’œil sombre, le front plissé, arpentait la chambre du juif. Celui-ci, tout à fait indifférent à cette agitation contrastant avec sa quiétude, retomba dans l’attention réelle ou feinte de sa lecture.

Le jeune homme prit son chapeau. Le vieillard releva alors sa tête encapuchonnée, et dit par manière de réflexion :

— Miss Ophélia, peut-être, pour dix mille livres sterling, consentirait à…

— Misérable !… Après tout ce que j’ai fait pour toi, c’est ainsi que tu rumines une trahison !