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le vampire.

— Que voulez-vous ?

— Pardon, Votre Honneur veut aller dans Corbets lane ?

— Ne vous l’ai-je donc pas dit ?

— J’ai fort bien entendu ; mais où Votre Honneur place-t-il cette rue ?

À Londres, le cocher ne connaît pas la ville ; c’est toujours le voyageur qui le renseigne. Quand ce dernier est étranger et qu’il fait nuit, on va au hasard du cheval. Les voitures se payent à la distance parcourue ; alors il est probable que les cochers ne perdent rien à exciper d’ignorance. Mais le cas qui nous occupe n’était pas tout à fait ainsi. Le jeune homme, d’une voix sèche et claire, lui donna en peu de mots le tracé de leur course. Après avoir laissé toutes les petites rues qui avoisinent Saint-Paul, ils traversèrent la Tamise sur le pont de Londres, puis ils s’engagèrent dans les quartiers bas de la ville.

Tout au contraire de Paris, quand on avance dans les lieux pauvres de la capitale anglaise, les maisons s’abaissent et n’offrent même souvent qu’un rez-de-chaussée sur la rue. Mais, en revanche, les parties souterraines deviennent plus profondes. Ce sont d’immenses substructions divisées par étage, et où le jour ne s’aventure jamais qu’enveloppé du pardessus de la nuit. À Paris, la classe ouvrière et nécessiteuse habite les mansardes et les greniers des maisons, là-bas elle se terre dans les caves.

Parvenu dans Rotherhithe, le cocher eut de nouveau recours aux renseignements. Ils se trouvaient alors dans les environs de Blue-Anchor lane, rue qui coupe le chemin de fer de Greenwich, On n’apercevait guères que des tracés inhabités et même non encore bâtis. À cette heure