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Cette expérience du parlementarisme est bonne à étudier ; les syndicats doivent, eux aussi, redouter les grandes assises solennelles, dans lesquelles il est si facile au gouvernement d’empêcher toute résolution virile d’aboutir ; on ne fait pas la guerre sous la direction d’assemblées parlantes[1].


Le catholicisme a toujours réservé les fonctions de lutte à des corps peu nombreux, dont les membres avaient été sévèrement sélectionnés, grâce à des épreuves destinées à vérifier leur vocation ; le clergé régulier pratique ainsi cette règle, trop souvent oubliée par les écrivains révolutionnaires, qu’un chef trade-unioniste énonçait un jour devant de Rousiers : On s’affaiblit en assimilant des éléments faibles »[2]. C’est avec des troupes d’élite parfaitement entraînées grâce à la vie monastique, prêtes

  1. Les républicains ne paraissent point disposés à pardonner à Pie X d’avoir déjoué leurs manœuvres : Aristide Briand s’est plaint, plusieurs fois à la Chambre de la conduite du pape ; il a même insinué qu’elle a pu être provoquée par l’Allemagne : « On était disposé à accepter la loi. Que s’est-il passé ? Je n’en sais rien. Une situation voisine a-t-elle influencé les décisions du Saint-Siège ? La situation actuelle dans ce pays devient-elle la rançon d’une situation meilleure dans un autre pays ?.. C’est un problème qui se pose et que j’ai le droit et le devoir de poser devant vos consciences « (Séance du 9 novembre 1906). Joseph Reinach se console de la méchanceté de Pie X, en proclamant que celui-ci a seulement « l’instruction d’un curé de campagne » (Histoire de l’affaire Dreyfus, tome VI, p. 427).
  2. De Rousiers, Le trade-unionisme en Angleterre, p 93.