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d’autres préoccupations économiques ; il a pu, sans trop grand dommage pour lui, abandonner les biens des fabriques, parce que la générosité des fidèles peut lui permettre de vivre au jour le jour ; mais il a peur de ne pouvoir continuer à célébrer le culte avec le matériel pompeux dont il a l’habitude de se servir ; n’ayant pas un droit bien clair sur les églises, il ne saurait garantir aux personnes pieuses que leurs dons seront toujours affectés à accroître la splendeur du culte. C’est pour cette raison que des catholiques intrigants ne cessent de proposer à la papauté des plans de conciliation.

Les réunions d'évêques tenues après le vote de la loi de Séparation, montrèrent que le parti modéré l’aurait emporté dans l’Église de France si le régime parlementaire avait pu fonctionner. Les prélats n’étaient pas avares de solennelles déclarations affirmant les droits absolus de la monarchie religieuse[1] ; mais ils désiraient beaucoup ne pas créer d’embarras à Aristide Briand ; bien des faits permettent de penser que le parlementarisme épiscopal aurait même eu pour résultat de donner aux ministres de la République, sous le régime de la Séparation, plus d’influence sur l’Église que n’en avaient eu jamais les ministres de Napoléon III. La papauté finit par adopter le seul parti raisonnable qu’elle put prendre ; elle supprima les assemblées générales, afin que les énergiques ne fussent pas entravés par les habiles ; plus tard les catholiques français béniront Pie X qui a sauvé l’honneur de leur Église.

  1. Les congrès socialistes ne sont pas, non plus, avares de déclarations vouant la bourgeoisie à l’exécration.