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douteux que certains ordres religieux ont été de très efficaces éducateurs d’héroïsme ; malheureusement, depuis nombre d’années les instituts monastiques semblent avoir fait de sérieux efforts, pour prendre l’esprit séculier, en vue de mieux réussir auprès des gens du monde. Il résulte de cette nouvelle situation que l’Église manque aujourd’hui des conditions qui ont si longtemps provoqué l’apparition, soutenu l’énergie et popularisé la direction de chefs héroïques ; les conciliateurs n’ont plus à beaucoup craindre les gêneurs.

Les gens sages du catholicisme, comme les gens sages du monde ouvrier, estiment que, pour améliorer une situation difficile, la meilleure méthode à suivre consiste à se concilier la faveur des puissances politiques ; les collèges ecclésiastiques ont beaucoup contribué à développer dans leur clientèle cet esprit d’intrigue. L’Église a été fort surprise lorsqu’elle a expérimenté à ses dépens la valeur de cette sagesse ; le parlement a voté contre elle beaucoup de lois qui évidemment lui étaient dictées par la franc-maçonnerie ; des jugements fondés sur des considérants bizarres ont été multipliés contre les congrégations ; le public a accueilli, avec une extrême indifférence, les mesures les plus arbitraires ; tous les recours ont été ainsi fermés contre l’activité de l’Anti-église Les catholiques ont été heureux d’entendre quelques voix éloquentes flétrir les lois injustes ; mais leur indignation s’est écoulée en littérature ; la seule résolution héroïque qu’ils aient été capables de prendre, a été celle de racoler quelques votes en faveur des Sganaralles qui repré-