Je ne suis pas de ceux qui regardent le type achéen, chanté par Homère, le héros indompté, confiant dans sa force et se plaçant au-dessus des règles, comme devant disparaître dans l’avenir. Si on a cru souvent à sa future disparition, c’est qu’on s’est imaginé que les valeurs homériques étaient inconciliables avec d’autres valeurs issues d’un principe tout autre ; Nietzsche avait commis cette erreur, qui devait s’imposer à tous les gens qui croient à la nécessité de l’unité dans la pensée. Il est tout à fait évident que la liberté serait gravement compromise si les hommes en venaient à regarder les valeurs homériques (qui sont bien près des valeurs cornéliennes) comme étant seulement propres aux peuples barbares. Bien des problèmes moraux cesseraient de forcer l’humanité au progrès, si quelque personnage révolté ne forçait le peuple à rentrer en lui-même. Et l’art, qui est bien quelque chose aussi, perdrait le plus beau fleuron de sa couronne.
Les philosophes sont mal disposés à admettre le droit pour l’art de maintenir le culte de la « volonté de puissance » ; il leur semble qu’ils devraient donner des leçons aux artistes et non en recevoir d’eux ; ils estiment que, seuls, les sentiments brevetés par les universités ont le droit de se manifester dans la poésie. L’art, tout comme l’économie, n’a jamais voulu se plier aux exigences des idéologues ; il se permet de troubler leurs plans d’harmonie sociale ; l’humanité s’est trop bien trouvée de la liberté de l’art pour qu’elle songe à la subordonner aux fabricants de plates sociologies. Les marxistes sont habitués à voir les idéologues prendre les choses à l’envers et, à l’encontre de leurs ennemis, ils doivent regarder l’art comme une