Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les anciens chants nationaux qui suivit ces guerres, enfin par une philosophie qui se proposait des fins placées très loin des préoccupations vulgaires. — Il faut bien reconnaître aussi que la victoire de 1871 n’a pas peu contribué à donner aux Allemands de toute classe un sentiment de confiance en leurs forces qu’on ne trouve pas au même degré chez nous à l’heure actuelle : que l’on compare, par exemple, le parti catholique allemand aux poules mouillées qui forment en France la clientèle de l’Église ! Nos cléricaux ne songent qu’à s’humilier devant leurs adversaires et sont heureux pourvu qu’il y ait beaucoup de soirées durant l’hiver ; ils n’ont aucun souvenir des services qui leur sont rendus[1].

Le parti socialiste allemand tira une force particulière de l’idée catastrophique que ses propagandistes répandaient partout et qui fut prise très au sérieux tant que les persécutions bismarckiennes maintinrent un esprit belliqueux dans les groupes. Cet esprit était si fort que les masses ne sont pas encore parvenues à comprendre

    la canonnade dès la première nuit qu’il passa parmi les corps francs réunis en Silésie, il crut assistera un immense service divin. » (Essais de morale et de critique, p. 116.) Se rappeler l’ode de Manzoni intitulée : « Mars 1821 » et dédiée à « la mémoire illustre de Théodore Koerner, poète et soldat de l’indépendance germanique, mort sur le champ de bataille de Leipzig, nom cher à tous les peuples qui combattent pour défendre ou pour reconquérir une patrie. » Nos guerres de la Liberté ont été épiques, mais n’ont pas eu une littérature aussi bonne que la guerre de 1813.

  1. Drumont a mille fois dénoncé cet état d’esprit du beau monde religieux.