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préfets rouges ? Tout cela était assez bien raisonné et correspondait parfaitement au genre de talent de Waldeck-Rousseau, qui fut, toute sa vie, grand partisan du concordat et aimait à négocier avec Rome ; il ne lui déplaisait pas de négocier avec les rouges ; rien que l’originalité de l’entreprise aurait suffi pour séduire son esprit amoureux de subtilités.

Dans un discours du 1er  décembre 1905, Marcel Sembat, qui avait été particulièrement bien placé pour savoir comment les choses s’étaient passées au temps de Millerand, a raconté quelques anecdotes qui ont fort stupéfait la Chambre. Il lui a appris que le gouvernement, pour être désagréable aux conseillers municipaux nationalistes de Paris et réduire leur influence sur la bourse du travail, avait demandé « aux syndicats de faire auprès de lui des démarches devant justifier » la réorganisation de l’administration de cet établissement. On avait été quelque peu scandalisé d’avoir vu, le jour de l’inauguration du monument de Dalou sur la place de la Nation, défiler des drapeaux rouges devant les tribunes officielles ; nous savons maintenant que cela avait été le résultat de négociations ; le préfet de police hésitait beaucoup, mais Waldeck-Rousseau avait prescrit d’autoriser les insignes révolutionnaires. Il importe peu

    les militants des syndicats, en vue, évidemment, de savoir quels moyens on pourrait employer pour les conseiller. Ch. Guieysse a révélé cela dans les Pages libres du 10 décembre 1904 ; les protestations du ministère et celles de Millerand ne paraissent pas du tout sérieuses. (Voix du peuple, 18, 25 décembre 1904, 1er  janvier 1905, 25 juin, 27 août.)