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sédons assez d’éléments pour comprendre aussi bien la grève syndicaliste que la grève politique ; nous savons en quoi le mouvement prolétarien se différencie des anciens mouvements bourgeois ; nous trouvons dans l’attitude des révolutionnaires en présence de l’État le moyen de distinguer des notions qui étaient encore bien confuses dans l’esprit de Marx.

La méthode qui nous a servi à marquer la différence qui existe entre la force bourgeoise et la violence prolétarienne, peut servir aussi à résoudre beaucoup de questions qui se présentent au cours des recherches relatives à l’organisation du prolétariat. En comparant les essais d’organisation de la grève syndicaliste et ceux de la grève politique, on peut souvent juger ce qui est bon et ce qui est mauvais, c’est-à-dire ce qui est spécifiquement socialiste et ce qui a des tendances bourgeoises.

L’éducation populaire, par exemple, semble être entièrement dirigée dans un esprit bourgeois ; tout l’effort historique du capitalisme a été de conduire les masses à se laisser gouverner par les conditions de l’économie capitaliste, en sorte que la société devînt un organisme ; tout l’effort révolutionnaire tend à créer des hommes libres ; mais les gouvernants démocratiques se donnent pour mission de réaliser l’unité morale de la France. Cette unité morale, c’est la discipline automatique des producteurs

    naire du prolétariat, peuvent être signalées comme des illustrations mémorables de cette loi qui nous empêche de penser autre chose que ce qui a des bases réelles dans la vie. Ne confondons pas pensée et imagination.