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chroniques. C’est ainsi que l’on rencontre l’expropriation des paysans et la suppression de l’ancienne législation qui avait constitué « le servage et la hiérarchie industrielle. » Marx ajoute : « l’histoire de cette expropriation n’est pas matière à conjectures, elle est inscrite dans les annales de l’humanité en lettres de sang et de feu indélébiles[1]. »

Plus loin, Marx nous fait voir comment l’aurore des temps modernes fut marquée par la conquête de l’Amérique, l’esclavage des nègres et les guerres coloniales : « les diverses méthodes d’accumulation primitive que l’ère capitaliste fait éclore, se partagent d’abord, par ordre plus ou moins chronologique (entre) le Portugal, l’Espagne, la France et l’Angleterre, jusqu’à ce que celle-ci les combine toutes, au dernier tiers du XVIIe siècle, dans un ensemble systématique, embrassant à la fois le régime colonial, le crédit public, la finance moderne et le système protectionniste… etc. » C’est à cette occasion qu’il compare la force à une accoucheuse et dit qu’elle multiplie le mouvement social[2].

  1. Capital, tome I, p. 315.
  2. Capital, tome I, p. 336, col. 1. — Le texte allemand parle que la force est œkonomische Potenz (Kapital, 4e édition, p. 716) ; le texte français porte que la force est un