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masses, s’il veut les avoir derrière lui au jour du grand combat[1]. Le grand reproche que Marx adressait à ses adversaires de l’alliance était justement cette séparation des dirigeants et des dirigés qui avait pour effet de restaurer l’Éta[2]t et qui est aujourd’hui si marquée en Allemagne… et ailleurs.


III


A. — Nous allons maintenant entrer plus avant dans l’analyse des idées qui se rattachent à la grève politique et tout d’abord examiner ce que devient la notion de classe.

1° Les classes ne pourront plus être définies par la place que leurs membres occupent dans la production capitaliste ; on revient à l’ancienne distinction des groupes riches et des groupes pauvres ; c’est de cette manière que les classes apparurent aux anciens socialistes, qui cherchaient le moyen de réformer les iniquités de la distribution actuelle des richesses. Les catholiques sociaux se placent sur le même terrain et veulent améliorer le sort des

  1. Par exemple Vaillant dit : « Puisque nous avons à livrer cette grande bataille, croyez-vous que nous puissions la gagner si nous n’avons pas le prolétariat derrière nous ? Il faut bien que nous l’ayons ; et nous ne l’aurons pas si nous l’avons découragé, si nous lui avons montré que le Parti socialiste ne représente plus ses intérêts. » (Cahiers de la Quinzaine. 16e de la iie série, p. 159.) Ce fascicule renferme le compte rendu sténographique du congrès.
  2. L’Alliance de la démocratie socialiste et l’Association internationale des travailleurs, p. 14.