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un moyen employé avec beaucoup d’autres, qui avait réussi en raison des circonstances exceptionnellement favorables au milieu desquelles elle s’était produite.


Voilà bien un caractère très propre à distinguer deux genres de mouvements que l’on désigne par le même nom. Nous avons étudié une grève générale prolétarienne qui est un tout indivisé ; maintenant nous avons à considérer une grève générale politique, qui combine des incidents de révolte économique avec beaucoup d’autres éléments qui dépendent de systèmes étrangers. Dans le premier cas, on ne doit considérer à part aucun détail ; dans le second, tout dépend de l’art avec lequel des détails hétérogènes sont combinés. Il faut maintenant considérer isolément les parties, en mesurer l’importance et savoir les harmoniser. Il semble qu’un pareil travail devrait être regardé comme purement utopique (ou même tout à fait absurde) par les gens qui sont habitués à opposer tant d’objections pratiques à la grève générale prolétarienne ; mais si le prolétariat abandonné à lui-même n’est bon à rien, les politiciens sont bons à tout. N’est-ce pas un dogme de la démocratie que rien n’est au-dessus du génie des démagogues pour vaincre les résistances qui leur sont opposées ?

Je ne m’arrêterai pas à discuter les chances de réussite de cette tactique et je laisse aux boursicotiers qui lisent l’Humanité le soin de chercher les moyens d’empêcher la grève générale politique de tomber dans l’anarchie. Je vais m’occuper seulement de chercher à mettre en pleine