curieuse, il gagne du terrain dans les milieux cultivés, qui se moquent du rationalisme jadis à la mode dans l’Université[1].
3o Nous considérons aujourd’hui comme une parfaite cuistrerie l’ancienne prétention qu’eurent nos pères de créer une science de l’art ou encore de décrire l’œuvre d’art d’une manière si adéquate, que le lecteur pût prendre dans le livre une exacte appréciation esthétique du tableau ou de la statue. Les efforts que Taine a faits dans le premier but sont fort intéressants, mais seulement pour l’histoire des écoles. Sa méthode ne nous fournit aucune indication utile sur les œuvres elles-mêmes. Quant aux descriptions, elles ne valent quelque chose que si les œuvres sont très peu esthétiques et si elles appartiennent à ce qu’on nomme parfois la peinture littéraire. La moindre photographie nous apprend cent fois plus sur le Parthénon qu’un volume consacré à vanter les merveilles de ce monument ; il me semble que la fameuse Prière sur l’acropole, que l’on a si souvent vantée comme un des beaux morceaux de Renan, est un assez remarquable exemple de rhétorique, et qu’elle est bien plus propre à nous rendre inintelligible l’art grec qu’à nous faire admirer le Parthénon. Malgré tout son enthousiasme (parfois cocasse et exprimé en charabia) pour Diderot, Joseph Reinach est obligé de reconnaître
- ↑ Pascal a protesté éloquemment contre ceux qui regardent l’obscurité comme une objection contre le catholicisme, et c’est avec raison que Brunetière le regarde comme étant le plus anticartésien des hommes de son temps. (Études critiques, 4e série, pp. 144-149.)