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semble qu’il y ait aujourd’hui pas mal de gens qui sacrifieraient volontiers l’héritage, comme les saint-simoniens, tout en étant fort loin de désirer la disparition du régime capitaliste[1].

La grève générale supprime toutes les conséquences ces idéologiques de toute politique sociale possible ; ses partisans regardent les réformes, même les plus populaires, comme ayant un caractère bourgeois ; rien ne peut atténuer pour eux l’opposition fondamentale de la lutte de classe. Plus la politique des réformes sociales deviendra prépondérante, plus le socialisme éprouvera le besoin d’opposer au tableau du progrès qu’elle s’efforce de réaliser, le tableau de la catastrophe totale que la grève générale fournit d’une manière vraiment parfaite.


B. — Examinons maintenant divers aspects très essentiels de la révolution marxiste en les rapprochant de la grève générale.

1° Marx dit que le prolétariat se présentera, au jour de la révolution, discipliné, uni, organisé par le mécanisme même de la production. Cette formule si concentrée ne serait pas bien claire si nous ne la rapprochions du

    la bourgeoisie française : mais son idéal est l’américanisme c’est-à-dire un capitalisme très jeune et très actif.

  1. P. de Rousiers a été très frappé de voir aux États-Unis comment des pères riches forcent leurs fils à gagner leur vie ; il a rencontré souvent « des Français profondément choqués de ce qu’ils appellent l’égoïsme des pères américains. Il leur semble révoltant qu’un homme riche n’établisse pas son fils ». (La vie américaine, L’éducation et la société, p. 9.)