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en l’honneur duquel les plus modérés se déclarent prêts à prononcer les serments les plus solennels ; mais le patriotisme impose aussi des devoirs sacrés[1]. L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, comme on l’imprime encore tous les jours, mais la véritable émancipation consiste à voter pour un professionnel de la politique, à lui assurer les moyens de se faire une bonne situation, à se donner un maître. Enfin l’État doit disparaître et on se garderait de contester ce que Engels a écrit là-dessus ; mais cette disparition aura lieu seulement dans un avenir si lointain que l’on doit s’y préparer en utilisant provisoirement l’État pour gaver les politiciens de bons morceaux ; et la meilleure politique pour faire disparaître l’État consiste provisoirement à renforcer la machine gouvernementale ; Gribouille, qui se jette à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie, n’aurait pas raisonné autrement. Etc, etc.

    spécialiste et en socialiste les questions ouvrières, avertissait, le 31 mars 1907, des grévistes qu’ils « ne doivent jamais se croire au-dessus des devoirs de la solidarité sociale ».

  1. A l’époque où les antimilitaristes commencèrent à préoccuper le public, le Petit Parisien se distingua par son patriotisme : le 8 octobre 1903 article sur « le devoir sacré » et sur « le culte de ce drapeau tricolore qui a parcouru le monde avec nos gloires et nos libertés » ; le 1er janvier 1906 félicitations au Jury de la Seine : « Le drapeau a été vengé des outrages jetés par ses détracteurs sur ce noble emblème. Quand il passe dans nos rues, on le salue. Les jurés ont fait plus que de s’incliner ; ils se sont rangés avec respect autour de lui. » Voilà du socialisme très sage.