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CHAPITRE IV

LES CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES
DE LA GRANDEUR ET DE LA DÉCADENCE DES ROMAINS
LE DIALOGUE DE SYLLA ET D’EUCRATE

Ce qui attire Montesquieu à Rome et ce qui l'y retient, c’est l’étude du plus complet phénomène politique que l’histoire permette d’observer. Plusieurs phénomènes de ce genre, observés ainsi, donneraient la clef de tous les autres. La politique a ses lois : l’expérience les dégage, et l’histoire les définit. L’histoire n’est une science qu’autant qu’elle rassemble les phénomènes, les classe, les enchaîne et en détermine les conditions d’enchaînement. « Comme les hommes, écrit Montesquieu, ont eu dans tous les temps les mêmes passions, les occasions qui produisent les grands changements sont différentes, mais les causes sont toujours les mêmes. » La recherche de ces causes dans l’histoire romaine est l’objet fondamental de son livre.

Il avait eu, dans cette étude de Rome, d’illustres prédécesseurs. Polybe, qu’il avait analysé de près,