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tion de ses principes ne se définit avec plus de clarté que dans la catastrophe de la monarchie prussienne après Iéna ; jamais l'art de relever une nation et de restaurer une monarchie en la ramenant à son principe et en renouvelant ce principe qui s’était altéré, n'a été pratiqué avec plus de pénétration et de profondeur que par le baron de Stein.

Le gouvernement constitutionnel a passé sur le continent, apporté par le livre de Montesquieu, et s’y est propagé par l'exemple des Français. Les deux chapitres de l'Esprit des lois sur l’Angleterre et sa constitution sont devenus ainsi une œuvre à part, et ont marqué une étape dans l’histoire des sociétés humaines. Les grands penseurs éclairent souvent moins par leurs rayons directs, que par leur lumière diffuse et le reflet de leurs satellites.

On a beaucoup écrit sur Montesquieu[1]. Il me paraît difficile d’être plus large dans l’apologie que ne l’a été Villemain avec son Éloge et ses Leçons sur la littérature au XVIIIe siècle ; d’être plus étroit et plus

  1. Le lecteur trouvera une bibliographie des éditions originales de Montesquieu et des ouvrages écrits sur lui, a la fin du livre de M. Vian : Histoire de Montesquieu. Je me suis servi de ce livre, en tenant compte des critiques qui en ont été faites par MM. Brunetière et Tamizey de Larroque, ainsi que des recherches de M. Tourneux. J’ai mis à contribution l’inépuisable trésor des Lundis et de Port-Royal. J’ai trouvé les indications et les directions les plus utiles dans la Cité antique de M. Fustel de Coulanges, et dans la Civilisation et ses lois de M. Funck-Brentano, en particulier dans le livre I de cet ouvrage : Les mœurs et les lois : des mœurs politiques dans les démocraties et dans les monarchies.