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CHAPITRE IX

MONTESQUIEU ET LA RÉVOLUTION

Tout Français éclairé, à la fin du dernier siècle, avait dans sa bibliothèque un Montesquieu, un Voltaire, un Rousseau et un Buffon. La convocation des États généraux invitant chaque Français à donner ses idées sur la réforme de l’État, chacun recourut à ses livres et demanda à ses auteurs favoris de lui fournir des idées ou des arguments pour soutenir les principes qu’il voulait faire prévaloir. Rousseau et Montesquieu furent les plus consultés. Rousseau suscita plus de disciples, mais Montesquieu procura plus de citations : Rousseau ne développait qu’un système, le sien ; Montesquieu exposait tous ceux que l’histoire avait recueillis. L’Esprit des lois devint comme une sorte de Digeste ; tous les partis en tirèrent des maximes et des précédents à l’appui de leurs vœux ou de leurs prétentions.

La noblesse intelligente en prit la pensée intime avec la lettre. Les vœux de cette noblesse sont bien