Page:Sorel - Le Berger extravagant, seconde partie, 1627.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup de soin à sa conservation je me conserveray avec elle. Je n’auray point de peur qu’elle me trahisse, car elle n’aura jamais de pensees qui ne me soient connues, et la jalousie qui possede tant d’amans ne me fera point sentir ses attaintes. J’en voy beaucoup d’autres qui sont faschez d’avoir des rivaux, mais c’est ce qui me plaira le plus que d’en avoir. Ainsi rien ne me pouvant affliger en mon amour, je vivray tousjours tres-content, et si l’on me represente que je peche contre les loix ordinaires des hommes, je diray que le plus bel oyseau qu’ayt faict la nature qui est le phoenix, se contente de s’aymer soy-mesme, et ne cherche point un autre object à son affection. Je fis une longue

p282