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Quand au fruict que tu souhaites de me voir porter pour donner à manger à Charite, c’est un tesmoignage de ton peu d’esprit : car si cette belle me hait ; elle ne voudroit pas manger ce qui proviendroit de moy, et outre cela j’aurois ce malheur que d’autres en pourroient taster aussi bien qu’elle, ce qui me seroit fort ennuyeux. Voy-tu, Carmelin, tout le bien que j’espere, est que ma bergere pourra venir un jour en ce lieu avec ses compagnes, et qu’elles danseront alentour de moy, pauvre et desolé saule, disant chacun leur chanson. Je leur respondray premierement par le murmure de mes fueilles, et apres j’abaisseray mes branches jusqu’à terre, pour faire la reverence à Charite, puis je luy